On ne sait jamais quel cadeau on va recevoir…
Quelques jours avant de partir en Nouvelle-Zélande, ma mère me donne un paquet de la part d’une de ses collègues, qui a une amie qui habite à Auckland.
Comme c’est la ville où je commence mon parcours, je le prend après m’être assurée que je ne vais pas me faire arrêter comme Bridget Jones à l’aéroport…
Si tu oublies une banane dans ta valise, et que la douane Néo-zélandaise la trouve, tu as une amande de 400$ néo-zélandais. Les bagages passent par un scanner avant d’entrer sur le territoire… Je n’avais pas de végétaux avec moi. J’étais partie de Suisse avec un kilo de chocolat. On ne va pas casser le cliché tout de même…
Après quelques jours à Auckland à découvrir la ville et ses environs, je me lance pour aller voir en personne où se trouve les destinataires du paquet.
Comme Lisbonne, Sydney, San Francisco ou New York, Auckland a la particularité d’avoir un grand pont. Pour aller déposer le paquet, j’ai la possibilité de prendre un ferry ou de faire un long trajet en bus… Je choisi le ferry.
Au débarcadère, mon ticket de bateau et mon prospectus «Devonport» en main, je remarque qu’il y a deux bateaux qui partent en même temps. Afin d’être sûre de monter sur le bon bateau, je demande à un «staff» sur le quai si ce bateau là est bien celui pour Devonport. Il me marmonne vite fait «oui oui, bienvenue»…
Je monte à bord. L’heure du départ sonne et les deux bateaux démarrent. La destination n’est pas très loin. En une dizaine de minute on y est. C’est simple, c’est droit en face. Tout de suite, je remarque que le bateau dans lequel je suis assise commence à bifurquer à droite…
Ce n’est pas bon signe… L’autre bateau continue tout droit. Je suis dans le mauvais bateau.
Je ne sais pas où je vogue, mais j’y vais. Je suis mitigée entre le plaisir d’être sur un bateau sous un ciel radieux à pouvoir admirer la baie d’Auckland, et le fait que je ne suis pas sur le bon bateau, qu’il va falloir se dépatouiller pour revenir et que je suis «en retard» sur le timing que je m’étais donnée sur cette journée. Je me demande quand même un peu pourquoi je me trimbale ce paquet sur 18 590km…
Je profite la douce brise océanique estivale et me réjouis de voir un contrôleur arriver afin de savoir où je vais. Quand il arrive vers moi, direct, je lui montre mon prospectus «Devonport» en disant que je ne suis pas là où je voulais aller. Il me souri. À voir, ce n’ai pas rare de récolter un passager fourvoyé. Il me dit que ce n’est pas grave, que ce bateau est un direct et que je n’ai qu’à rester dedans, car après, il retourne au point de départ.
Un direct, oui… Mais 45min de trajet pour sa destination. Puis encore 15 minutes pour le débarquement, et l’embarquement des nouveaux passagers. Et encore 45 min pour revenir…
Un jeune homme vient de monter à bord, en tenue de Wonder Woman avec une poupée gonflable sous le bras. Il est entouré de mecs joyeux. Un enterrement de vie de garçon, ça mets de l’ambiance sur le retour et me rappelle une autre histoire de bateau…
Retour au quai de départ 2 heures plus tard…
Une négociation avec un «staff» pour passer sur le bon bateau sans racheter de billet et ça y est, enfin «Devonport» me voilà!
Devonport est un village avec des cafés chics, des pubs kiwis classiques, des restaurants, des petites boutiques et des revendeurs d’art. Il y a pleins de petites maisons en bois peintes de différentes couleurs. Cela contraste fortement avec le centre ville d’Auckland qui a ses buildings gratte-ciel bétonnés et sa fameuse tour «sky tower» de 328m de haut. Il y a du «street art» avec des oeuvres colorées en tricot sur des poteaux et des arbres qui bordent Victoria road. C’est un coin vraiment très charmant.
Après m’être émerveillée de ce coin «arty», je me dirige vers la rue de mes destinataires de paquet.
C’est vraiment tout près du port à pied. Me voilà dans une rue de maisons de bois où chaque propriétaire met sa touche de couleur, un plaisir des yeux. Je trouve le numéro souhaité, me voilà enfin à destination.
Je passe la barrière du petit jardinet et me dirige vers la porte.
Je sonne…
Personne ne répond.
À la base, j’ai prévu le coup de ne croiser personne. J’ai pris du papier pour noter un petit mot. Mais voilà, je ne retrouve pas mon stylo… Mauvaise pioche.
Là, je commence à être fatiguée de cette journée. Avec ce retard j’ai épuisé ma réserve d’eau et je perds patience. Comme la nouvelle Zélande est connue pour être un pays tranquille et sûr, j’accroche simplement ma livraison à la poignée de la porte et je m’en vais plus loin dans la rue.
Au bout de cette rue, un croisement avec un supermarché en vue. Voilà de quoi trouver un stylo et me ravitailler en eau.
20 minutes plus tard, me revoilà de retour devant la porte de mes destinataires avec mon stylo pour pouvoir laisser un mot. Mais voilà, le paquet n’est plus là…
Est-ce que la Nouvelle-Zélande n’est pas un pays si sûr ou est-ce que les destinataires sont rentré entre-temps? Si le paquet a été volé, comment vais-je l’annoncer à l’expéditrice?
Je sonne, et cette fois, la porte s’ouvre. Un soulagement.
Je rencontre enfin les destinataires ; Un couple sympathique qui venait de rentrer de leurs vacances/repas de famille dans le sud de l’île. Et oui, nous sommes un 4 janvier, c’est une période propice aux congés…
Je me présente et les éclaire comment je suis arrivée à être leur postière.
Tu te demandes peut-être qu’est-ce qu’il y avait donc dans ce paquet!?
Rien de très important, ni de valeur. Juste des petits présents symboliques de pensée bienveillantes pour les destinataires avec une lettre.
Ce jour là, je suis rentrée à mon logement à Auckland, de nuit, en ayant manqué le dîner de l’établissement. Mais ce n’est pas grave.
J’ai passé une belle journée, j’ai fait une charmante rencontre et j’ai reçu des conseils de visites. La semaine suivante j’ai revu la «destinatrice» et elle a eu droit à 100g de mon chocolat Suisse…
6 mois plus tard, j’ai gracieusement logé chez eux lors de mes derniers jours en Nouvelle Zélande.
Si je n’avais pas pris le mauvais bateau, ni égaré mon stylo, je n’ aurais jamais reçu le beau cadeau que fut de cette rencontre…